Des femmes qui s'illustrent dans les sports motorisés

Par Delaney Brogan
Coordonnatrice en marketing – VR
Yahama Moteur du Canada

Les motos ont fait partie intégrante de ma jeunesse. La première fois que j'ai participé à une course, c'était à l'Enduro Terra Nova, à l'âge de cinq jours, emmitouflée au milieu de la forêt pendant que ma mère faisait son contrôle avant l'événement. J'ai également passé beaucoup de temps comme passagère, derrière mon père au guidon; mais j'ai rapidement découvert que je préférais passer à l'avant une fois que j'ai pris le guidon moi-même vers l'âge de six ans. Mon père m'a initiée à la course de cross-country quelques semaines plus tard, et la passion m'a pris tout de suite. Un seul sport pour combler tous mes penchants innés pour la compétition et les sensations fortes – une jeune fille peut-elle espérer mieux?

Au fil des ans, mon père et mon frère ont été mes compagnons de course, et je n'ai jamais vraiment réfléchi au genre de personne que je voyais sur la piste ou à la télévision. Aujourd’hui, après avoir travaillé, fait du bénévolat et participé à ce sport pendant près de deux décennies, je me rends compte que les femmes sont très sous-représentées dans les sports motorisés. Mais les choses sont en train de changer.

En effet, les femmes ont de plus en plus de possibilités d'apprendre à piloter ou d'améliorer leurs compétences aux côtés d'autres femmes, et elles ont également la possibilité de s'inspirer de pilotes féminines très douées. Deux des Canadiennes les mieux classées en moto de route, intronisées au Temple de la renommée de la moto en 2011, sont Kathleen Coburn et Toni Sharpless. Parmi leurs nombreuses réalisations marquantes sur deux roues, Kathleen a été la première femme à remporter une finale de série de courses, alors que Toni a été la première femme à remporter un championnat de l'Association canadienne des motocyclettes.

Toujours très impliquées dans les sports motorisés, ces deux femmes ont incontestablement laissé leur marque. Je pense que Kathleen l'a bien dit, en déclarant : « Pour moi, il ne suffisait pas de participer en tant que femme, mais plutôt de gagner ».

Leurs débuts

Les amateurs du milieu ont certainement entendu le nom de Sharpless. En effet, l’amour de la course coule dans le sang de Toni : la moto fut une grande passion de son père, à la fois comme moyen de transport privilégié et comme sport.

« Mon père, Bill, se distinguait comme conducteur et organisateur de nombreuses formes d'événements de moto, notamment les essais, les courses sur route, les enduros et les courses d’enduro-cross », explique Toni. « Il a ouvert une concession de motos appelée Sonic Motorcycles à Scarborough, en Ontario, lorsque j'avais six ans. Peu de temps après, mes frères, Blair et Todd, et moi avons trouvé des mini-motos sous le sapin de Noël pour apprendre à partager... du moins c'est ce qu'on a dit à ma mère! ».

Comme leur père, Toni et ses frères ont développé une passion pour les motos et la compétition.

« Ma première compétition, c'était quand j'avais neuf ans », se souvient-elle. « On mettait des pneus cloutés sur nos motos hors-route pour courir sur des ovales tracés sur un lac gelé. Je me rappelle avoir instantanément apprécié la vitesse et le sentiment de liberté que procurait la course en moto ».

Voilà ce qui a poussé Toni à poursuivre les sports motorisés pendant toutes ces années, sans oublier les épreuves qui se sont présentées en cours de route. « Il n'y a rien de plus satisfaisant que de surmonter un défi et de rouler encore plus vite! ».

L'initiation de Kathleen aux sports motorisés s'est faite un peu différemment.

« Je suis allée avec des amis à Mosport (aujourd'hui Canadian Tire Motorsport Park) pour assister à une course de moto », explique-t-elle. « Il s'agissait de ma toute première expérience en moto et cela a changé ma vie! Quelque chose s'est produit en moi et je devais l'essayer ».

Les clés du succès

Les deux femmes ont consacré énormément d’efforts à leur carrière de pilote, et ont su rester performantes sur deux roues pendant longtemps.

Pour Kathleen, l'ouverture d'esprit, la volonté d'écouter et d'apprendre des autres, ainsi que l'engagement à surmonter les difficultés, sont tous des éléments clés de la réussite dans les sports motorisés, sans oublier, bien sûr, la passion.

« J'adore les motos et je suis prête à saisir toutes les occasions de faire de la course, de rouler, d'apprendre et surtout de m’amuser », ajoute-t-elle.

Pour Toni, un grand athlète se définit par le fait qu'il se donne du mal, tant mentalement que physiquement, pour se préparer à la compétition.

« Voilà ce que nous enseignons à l'école de course sur route Super Sonic », explique-t-elle. « Un athlète doit également apprécier et respecter ceux qui l'aident à atteindre ses objectifs, participer à des compétitions dans le respect de l'esprit sportif, féliciter les concurrents – qu'ils gagnent, perdent ou fassent match nul –, tirer parti des échecs pour évoluer et redonner au sport sous une forme ou une autre ».

Toni ajoute qu'elle s'efforce encore aujourd'hui de respecter sa propre définition de l'athlète.

Toutes les pilotes savent qu'il y a forcément des passages difficiles en cours de route. Pour Toni et Kathleen, les moments difficiles n'ont pas manqué.

Au fil des ans, Toni a fait appel à son esprit et à sa détermination pour surmonter des fractures et des accidents, ainsi que des objectifs élevés qu'elle s'était fixés, et en tirer des leçons. Mais aujourd'hui, Toni admet qu'elle est confrontée à son plus grand défi.

« La compétition à l'aube de la soixantaine présente certains défis physiques que la biologie ne me permet pas de surmonter, alors je me retrouve à écouter la lutte constante entre la compétitrice en moi qui fixe les objectifs à atteindre et la sagesse de l'âge qui tempère ces objectifs », raconte-t-elle.

Kathleen reconnaît que son âge s'est révélé être un obstacle de taille alors qu'elle s'apprête à fêter son 60e anniversaire cette année.

« Il faut toute un éventail d’activités pour maintenir un vieux corps en forme.... hockey, aménagement paysager, équitation, n'importe quel sport! » dit-elle. « Je détiens actuellement le tour de piste le plus rapide à Shannonville pour ma catégorie, et ce serait un énorme accomplissement de détenir ce record jusqu'à 60 ans ! »

Kathleen souligne également que les pilotes voulant s'engager dans une série complète ont besoin d'un gros budget pour être compétitifs, et que cela peut être un défi.

Où en sont-elles aujourd’hui?

Les deux femmes sont des modèles pour moi et pour de nombreuses autres femmes dans ce sport. Toni et Kathleen ont non seulement aidé à mettre sur pied l’événement « Dee's Day in the Dirt », l'une des premières journées de randonnée réservées aux femmes en Ontario, mais elles en ont fait plus que ce que je n’aurais jamais pu imaginer. Toni a toujours fait du bénévolat dans le sport et dirige actuellement sa propre école de course sur route, soit Super Sonic Road Race School®. De plus, Toni aide son frère, Blair, au Corduroy Enduro chaque année et fait des randonnées avec son mari, Jamie Pikor. Elle est également fière de soutenir ses deux nièces, qui suivent ses traces dans le monde des courses de cross-country.

Kathleen a passé de nombreuses années à soutenir son mari Johnathan Head (un ancien participant au Concours international des Six Jours d'Enduro) et ses deux filles talentueuses, qui participent à des courses de cross-country dans tout l'Ontario – tout en y participant elle-même! En fait, j'ai eu l'occasion de contempler ces trois dames alignées les unes à côté des autres. Vous voulez voir de vraies pilotes? Installez Kathleen et ses filles sur la ligne de départ, l'une à côté de l'autre! Elle participe toujours à des courses sur route et fait des randonnées en sentier avec sa famille et ses amis pour s'amuser. Mais son véritable talent, c'est le ping-pong, car elle n'a encore jamais perdu un match.

J'ai eu la chance de travailler en étroite collaboration avec ces deux athlètes exceptionnelles, et ce qui m'a toujours frappé, c'est le fait qu'elles ne se rendaient même pas compte qu'il s'agissait d’un domaine majoritairement masculin. Elles se sont simplement lancées dans la course. Je pense que c'est la leçon la plus importante que j'ai tirée de la pratique de la moto hors-route. Peu importe les gens qui vous accompagnent ou le nombre de personnes présentes sur les pistes, que vous participiez à une course ou que vous vous rendiez sur le sentier vous amuser, allez-y, faites de votre mieux et profitez de la balade! Que vous arriviez en premier ou en dernier, l'important est de se lancer dans ce sport extraordinaire.